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Cher Monsieur Socrate,
La femme est dotée, elle aussi, d'un esprit qui pense. Par conséquent, elle est
troublée par des questions tout autant que l'homme. Répondez-vous à ces femmes
qui s'aventurent à vous poser des questions sur votre passage, ou lui dites-vous
de retourner à son devoir? Puisque son devoir est d'aimer son mari et ses
enfants, ne pensez-vous pas qu'elle aussi peut être absorbée par des questions?
Il n'est pas question pour moi de juger votre monde mais bien de le comprendre.
Là où vous vivez, qu'arrive-t-il à ces femmes qui se questionnent entre elles,
dans leur maison? Ces questions sont-elles prises en considération parmi les
philosophes? Le fait d'avoir pour devoir le bien-être de sa famille n'est-il pas
justement une situation importante au point d'avoir droit de questionner les
philosophes, afin d'améliorer ne serait-ce que la base du bien-être familial?
Expliquez-moi, Monsieur Socrate: comment hommes et femmes parviennent-ils à
fonder un foyer dans votre monde? J'ai pour dernière question, d'où vient cette
inscription «Connais-toi toi-même» sur le temple de Delphes? Savez-vous
qui a écrit cela ou de qui proviendrait cette maxime si importante à ma vie?
Je vous remercie d'être disponible pour nous.
J. Bouchard
Les femmes, les esclaves, les bergers et les flûtistes se posent des questions
comme tout le monde. Simplement, n'arrivent sur l'agora que les ahanements des
esclaves sous leur faix, les bêlements des moutons et les trilles des flûtes.
Vous en voulez, des philosophes grecs? eh bien la sagesse grecque, c'est ça.
Elle se connaît tellement elle-même que l'aphorisme du temple de Delphes se perd
dans la nuit des temps.
Socrate
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